Avec ses nouveaux espaces adaptés à la création et la répétition, l'Antipode s’affirme comme un outil au service des projets artistiques dans son territoire local, régional et national. Dans l'Atelier de Création, les Studios, Le Club ou La Grande Scène, l'Antipode est aux côtés de musiciens et de musiciennes pour échanger et accompagner les processus de création, de recherches et de répétitions de ces temps de travail dédiés au cours de la saison.

Mermontine bénéficie cette saison du dispositif à la production mutualisée de la Région Bretagne. C'est dans ce cadre que le duo et son équipe étaient dans l'Atelier de Création pour une semaine de résidence consacrée à Sous les mers, un nouveau spectacle en création et en coproduction avec le Centre culturel Pôle Sud à Chartres-de-Bretagne, le Centre culturel du Coglais et L'Hallali Production. Entre les calages et les répétitions, cet article illustré par les photos de Gwendal le Flem, propose une rencontre avec les artistes.

Mermontine, de l'accompagnement vers un développement dans les créations de spectacle tout public.

Mermontine est un duo composé de deux membres du groupe Mermonte. C’est à la suite d’une action culturelle en école (initiée par l'Antipode en 2018) que ce projet destiné aux jeunes et tout public se créé. Initialement prévu comme un concert dédié aux enfants en crèche, le duo s'oriente vite vers une forme plus complète et didactique avec un premier spectacle, La plume lourde, une petite pièce musicale (dès 3 ans) illustrant un conte africain. 

À la manière de Pierre et le Loup, Mermontine adapte des thèmes musicaux issus des compositions du groupe Mermonte pour incarner les principaux personnages et actions d'un des récits compilés par Henri Gougaud (écrivain et poète). Présenté depuis 2021, ce spectacle pose une base artistique commune à leurs projets : l’illustration sonore, l'interprétation musicale, la scénographie et la narration. L’intention étant d’éveiller la curiosité des petits (en présentant des pratiques musicales qui puissent être accessibles) et des grands (par la qualité de la narration).

Cette première forme laisse place à Sous les mers, une immersion dans l’univers du célèbre roman de Jules Verne pour une deuxième création qui prend de l'ampleur, riche des expériences passées. 

Rencontre & interview avec Mermontine

Bonjour Julien et Ghislain, pouvez-vous présenter Mermontine ?

Ghislain : Mermontine est un projet artistique dédié aux créations jeune et tout public, composé de nous deux, initialement membres du groupe rennais de rock instrumental Mermonte.

Pouvez-vous présenter Sous les mers, votre nouveau spectacle en création ?

Ghislain : À l’origine du projet, il y a le choix du roman 20 000 lieues sous les mers, dont le titre  évoque toujours, dans l’inconscient collectif, l’aventure, le voyage et le mystère, mais aussi car le roman porte en lui de nombreuses thématiques qui sont aujourd’hui en phase avec des sujets contemporains dont l’écologie ou la volonté de certains citoyens de refuser la marche du monde telle qu’elle nous est présentée et qui tentent de s’en affranchir.

Nous reprenons ainsi les qualités de cette fable écologique et humaniste, allant jusqu’à féminiser le personnage de Nemo, dont la lutte acharnée contre les oppressions embrasse parfaitement les combats de notre époque !

Sous les mers reprend les axes artistiques définis avec notre premier spectacle La plume lourde, mais avec un dispositif et une scénographie beaucoup plus conséquents : une narration enregistrée, la diffusion d’illustrations graphiques et l’interprétation musicale en direct de Julien et moi. En revanche nous proposerons une esthétique musicale plus électrique, baroque et psychédélique.

L’esthétique musicale est dans la ligne des bandes-originales de films des années 60 et 70, en particulier les productions de Lalo Schifrin ou d’Alain Goraguer. Une pop électrique et baroque dans laquelle les guitares, la basse et la batterie côtoient les thèmes de clavecins et les séquences de synthétiseurs. Le baroque est au cœur du roman, dans les décors exubérants du sous marin mais surtout dans les effets dramatiques, comme lorsque Nemo s’isole pour jouer des pièces d’orgue.
 

« Vu la taille de notre dispositif scénique et la somme de travail à effectuer entre la musique, les décors, les illustrations projetées, la création lumière, le mixage du son, un projet comme celui-ci serait quasiment impossible à mettre en place sans ce type de soutien, aussi bien sur le plan technique que financier. Il était donc crucial pour nous ! » - Julien de Mermontine

Qu'avez-vous travaillé précisément pendant cette résidence dans l'Atelier de Création ?

Julien : C’était notre deuxième semaine de résidence sur cinq au total. Nous sommes donc au début du travail de plateau pour ce projet. Nous avions intégralement dédié la première semaine à un travail de scénographie, réalisée par Élodie Quenouillère. Cette deuxième semaine devait donc permettre de valider ce qu’on avait expérimenté et de terminer les installations qui manquaient encore. Il y a eu encore un grand travail de la part d'Élodie pour finir les décors et améliorer certaines installations ! On a basé la scénographie sur le coté immersif, avec la succession d’événements visuels, ce qui soulève beaucoup de questionnements et de défis techniques. À l’issue de cette résidence, je crois qu’on a répondu à tous ces défis !

Musicalement, nous avons pu commencer enfin à préparer le show. C’est aussi un gros chantier car Ghislain et moi avons composé une musique très arrangée et avec beaucoup de timbres et d'instruments différents (guitares, basse, batterie, synthés et modulaire). Mais nous ne sommes que deux pour tout jouer donc c’est un gros challenge. Il faut tout décomposer et savoir comment faire pour boucler certaines parties afin de se rendre disponible pour en jouer d’autres. 

À la fin de la semaine, nous avons pu filer les quatre premières scènes donc on était vraiment content de voir les choses se concrétiser !

Techniquement enfin, nous avions des énigmes à résoudre car nous voulons être en totale autonomie sur ce projet. Il y a deux vidéo-projecteurs à piloter, une conduite lumière et le son à synchroniser et à diffuser. Il fallait donc trouver un dispositif adéquat ! Pour nous, tout ça était totalement nouveau donc avec plein de facteurs inconnus. Maintenant, on y voit plus clair mais il reste encore beaucoup de travail pour les résidences à venir.
 

Qu’est-ce que le dispositif d'aide de la Région Bretagne et l’Antipode vous apportent sur une résidence comme celle-ci ?

Julien : Alors tout d’abord, l’Antipode est la structure qui a porté le projet pour le dispositif de production mutualisée de la région, donc son rôle est prépondérant ! Ça nous a permis d’aller chercher les autres partenaires pour accéder à ce dispositif (Centre Culturel de Montour, Pôle sud de Chartre-de-Bretagne, File 7 de Magny le Hongre). Le bénéfice principal pour nous, c’est le temps passé sur plateau. Pour Sous les mers nous avons une vingtaine de jours de travail sur plateau. Vu la taille de notre dispositif scénique et la somme de travail à effectuer (musique, décors, illustrations projetées, création lumière, mixage du son) un projet comme celui-ci serait quasiment impossible à mettre en place sans ce type de soutien, aussi bien sur le plan technique que financier. Ce soutien était donc crucial pour nous !

Ghislain : Ce qui est drôle c’est que Mermontine est né d’une action culturelle dans le cadre d’un accompagnement mutualisé dont nous avions bénéficié avec le groupe Mermonte il y a quelques années, et aujourd’hui c’est ce projet qui est accompagné pour se développer. C’est très plaisant !
 

Mermontine présente son spectacle Sous les mers dans La Grande Scène de l'Antipode les mercredi 03 avril 2024 (tout public) et jeudi 04 avril 2024 (scolaire).

Une résidence montée en coproduction avec le Pôle Sud et le Centre Culturel du Coglais et portée par l’Hallalli Productions. Sous les mers par Mermontine est un spectacle soutenu dans le cadre du dispositif à la production mutualisée de la Région Bretagne.